Origines
L’American Staffordshire Terrier est une race jeune qui n’a été reconnue qu’en 1936 par le Kennel club
américain (A.K.C). Et pourtant, ses origines sont lointaines et bien connues. Elles remontent, comme l’American Pit Bull Terrier, aux Bulldogs et aux Terriers très prisés en Grande-Bretagne depuis fort longtemps.
Mais des chiens de taureaux, il n’a conservé que la morphologie impressionnante et le courage : pour les connaisseurs, le Staff d’aujourd’hui est surtout réputé pour sa gentillesse, son tempérament joueur et l’amour immodéré qu’il voue à sa famille.
La jeunesse de l’Amstaff présente l’avantage de ne laisser que peu de zones d’ombres sur les mécanismes qui ont présidé à la création de la race. Et n’en déplaise à certains, l’histoire de l’Amstaff est étroitement liée à celle de l’American Pit Bull Terrier qui apparait quant à lui à l’aube du XXème siècle.
Les combats de chiens sont très à la mode au XXème siècle en Grande-Bretagne mais aussi dans de nombreux pays européens. La sélection de chiens selon des critères propres à cette « activité » va se faire à partir de diverses races de Bulldogs et de Molosses. Les « Old Bull Baiting Dogs » vont doucement évoluer vers des sujets toujours plus puissants et pugnaces que l’on fait combattre contre des taureaux, des ours ou bien même des fauves. Ces jeux cruels ne vont pas sans susciter des polémiques.
La Grande-Bretagne publie en 1835 le fameux « Hurran Act » interdisant les sports de sang. Mais ils vont être remplacés par des combats contre les rats ou par des combats de chiens, organisés clandestinement dans des arènes (Pit) improvisés dans les arrière-cours de cafés. Ce sera aussi le début d’une sélection de sujets plus légers par un apport de sang de divers Terriers. L’ardeur des Molosses va se trouver associée à la vivacité et à la ténacité des terriers réputés pour leur efficacité dans la chasse aux nuisibles.
Dans les années 1860/1880, de nombreux chiens, héritiers de ces valeureux combattants, furent
exportés vers les Etats-Unis. Deux d’entre eux, Paddy et Pilot, importés par un certain Charlie Loyd, remportèrent de nombreux combats dans le Nord du pays et sont vraisemblablement à l’origine d’une partie du cheptel américain.
Les U.S.A., eux aussi friands de combats de chiens, vont adopter avec enthousiasme ces nouveaux «immigrants » et commencèrent l’élevage sélectif.
Une nouvelle « race » est née. Après de nombreuses tergiversations elle prend le nom d’American Pit Bull Terrier, un nom qui n’est pas sans rappeler sa double origine et sa vocation de chien de combat.
L’United Kennel Club (U.K.C.), organisation cynophile parallèle à l’American Kennel Club, reconnait la
race en 1898 et va se charger de tenir à jour son livre d’Origine, tout en essayant de gommer ce passé douteux de chien de combat qu’elle n’encourage pas. Sans arriver à mettre un terme définitif aux combats de chiens, l’U.K.C. essaye de les rendre « acceptables » en prévoyant des sanctions importantes pour les concurrents faisant preuve de cruauté à l’encontre des animaux. Mais la frange des utilisateurs animés d’intentions peu louables va se tourner vers une nouvelle association, l’American Dog Breeder Association, qui perpétue cette
tradition de combat.
De son coté, l’A.K.C., instance officielle, est plus réticente pour accepter la race. Il faut attendre 1936
pour la voir officialiser son existence, qui finalement prendra pour nom de baptême celui d’American
Staffordshire Terrier. L’utilisation de l’adjectif « Staffordshire » n’est d’ailleurs pas neutre. Il s’agit de différencier du Pit et de lui trouver un nom qui rappelle ses vagues ancêtres anglais (plus recommandables).
Dès lors American Pit Bull et Staffordshire Terrier vont prendre, du moins officiellement, des voies différentes, même si ce n’est qu’en 1955 que le croisement des deux sera officiellement interdit.
Le Staff va accompagner les soldats américains en Europe à la fin de la seconde guerre mondiale. C’est ce qui explique que sur notre continent, c’est par l’Allemagne qu’il va d’abord se développer. Un
démarrage bien timide d’ailleurs, jusqu’en 1979 où ils font une apparition remarquée au championnat du Monde, à Benne.
Son arrivée en France est nettement plus tardive : les premiers sujets sont importés vers 1984 et les premiers chiots sont inscrits au L.O.F. en 1987. Les années 80 vont marquer son avènement, et les années 90 connaissent un véritable phénomène de mode avec des naissances qui vont passer de 200 à 1400 chiots par an.
Revers de la médaille, l’ami Amstaff va se trouver sur le banc des accusés pour délit de faciès.
Reste aux véritables amoureux de la race, la lourde tâche de le réhabiliter et de l’aider à trouver son vrai public.